Jeux Olympiques de Paris 2024 – Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus cher ?
Depuis que Paris est assuré d’accueillir les Jeux Olympiques en 2024, la ville se prépare à accueillir athlètes, représentants étrangers, journalistes et spectateurs du mieux possible. Et comme chaque fois que les JO débarquent dans une ville, cette dernière profite de l’occasion pour procéder à quelques aménagements urbains qui doivent profiter également aux habitants. Nouvelles routes, nouvelles lignes de transport en commun, nouveaux logements, l’enveloppe totale des jeux Olympiques est toujours mise à profit à 100%… et même plus !
Le nouveau village olympique au nord de Paris
Architectes et designers n’ont pas chômé depuis que Paris a l’assurance de recevoir en 2024 les Jeux Olympiques. Des plans ont déjà été faits, des simulations de ce que sera le village olympique ont été présentées, et l’on sait même où seront implantés les bâtiments. On prévoit de nouvelles lignes de RER et de métro, des espaces verts, des bâtiments adaptables… Tout a été réfléchi par Dominique Perrault, architecte français !
Implanté à cheval sur les communes de Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Île-Saint-Denis, le village olympique devrait accueillir 17 000 personnes dans les quelque 2 400 logements prévus. Mais ce sont aussi des espaces de vie, des bureaux et des commerces qui sortiront de terre ces prochaines années. Au total, 119 000 m² de terrains devront être construits d’ici à septembre 2023, date estimée de la fin des travaux.
Citation
« Le village [est conçu] comme un quartier métropolitain, ouvert et innovant. […] Une véritable expérience du Grand-Paris, de sa richesse culturelle, de son dynamisme et de ses qualités paysagères est offerte aux athlètes du monde entier. » – Dominique Perrault, architecte
Bien sûr, en plus de ce village il faudra aussi faire construire les équipements sportifs nécessaires au bon déroulement des Jeux. Pour cela, la ville de Paris disposera d’un budget d’environ 4 milliards d’euros provenant de plusieurs sources :
- 1 milliard d’euros débloqué par l’État
- 500 millions d’euros débloqués par les collectivités territoriales concernées (villes et la région)
- 1,5 milliards d’euros provenant de partenaires privés
- 1,5 milliards d’euros provenant des contribuables
À ce budget s’ajoute évidemment l’enveloppe fournie par le COJO (Comité d’Organisation des Jeux Olympiques), d’un montant de 3,3 milliards d’euros pour l’organisation de la quinzaine de jours de Jeux. Au total, ce sont donc un peu plus de 6 milliards d’euros qui seront investis par Paris pour organiser les JO 2024. Et si une bonne gestion du budget ainsi que la vente des places pour les spectateurs peuvent générer des bénéfices pour la ville, une étude de la Saïd Business School d’Oxford démontre que les sommes totales déboursées crèvent souvent le plafond :
Jeux Olympiques d’été | ||
Ville | Année | % de dépassement du budget initial |
Londres | 2012 | 101 % |
Beijing | 2008 | 4 % |
Athènes | 2004 | 60 % |
Sydney | 2000 | 90 % |
Atlanta | 1996 | 147 % |
Barcelone | 1992 | 417 % |
Pour la préparation des derniers Jeux Olympiques à Rio, en 2016, c’est un budget total de 33 milliards qui a été dépensé (dont 23 milliards pour la construction du village et des infrastructures) ! Une dépense qui donne le tournis, surtout lorsque l’on se souvient que des quartiers d’habitations ont été rasés pour pouvoir accueillir tout ce beau monde.
Fun fact pas si fun
Pour les Jeux Olympiques de 1976, la ville de Montréal a dépassé de 720% son budget initial ! Une gestion de l’argent bien malheureuse puisqu’elle a entraîné un endettement de la ville sur plus de 30 ans.
Malgré les discours rassurants du chef de l’État Emmanuel Macron sur le respect du budget pour 2024, il est très peu probable que Paris arrive miraculeusement à s’en tenir aux 3 milliards prévus alors que depuis des décennies la norme semble être le dépassement de budget. Un économiste, le docteur Alexandre Delaigue, prévoit même une “petite” augmentation allant jusqu’à 18 milliards au total.
Trois milliards d’euros de ruines en devenir ?
À présent que vous avez une idée de la largesse avec laquelle s’ouvre le portefeuille d’une ville pour accueillir athlètes et spectateurs, que diriez-vous de faire un petit saut dans le futur pour voir ce que vont devenir ces belles constructions flambant neuves ? Appuyons-nous pour cela sur l’exemple de celles des JO passés :
La Bassin d’entraînement devant le centre aquatique à Rio (2016)
Le parcours de kayak et canoë, à Pékin (2008)
L’espace pour le beach volley, à Pékin (2008)
Le parcours de kayak et canoë (encore lui !), à Athènes (2004)
Avec ses gradins ensoleillés
Une piscine olympique à Athènes (2004) …
… Et les nouvelles nageuses qui en profitent
L’entrée accueillante du village olympique d’Athènes (2004)
Une fois à l’intérieur du village olympique
Nous avons, pour la plupart, des souvenirs encore vivaces des installations sportives et des villages olympiques verdoyants, des couleurs, de la foule et des lumières lors des Jeux. Pourtant ces photos ont été prises seulement quelques mois ou quelques années après les célébrations et l’on se croirait dans un décor de film post-apocalyptique.
Est-ce là le destin que Paris réserve aux infrastructures qui sont en construction ? Les piscines vont-elles servir plus aux grenouilles qu’aux hommes et les 2 400 logements du village seront-ils laissés entièrement vides et libres de tomber en ruines ? Doit-on vraiment débourser 18 milliards d’euros pour un tel résultat ?
De grosses inquiétudes sont déjà émises sur les travaux par les habitants du département. Quoi de plus normal lorsque l’on sait que trois habitants sur dix à Saint-Denis vivent sous le seuil de pauvreté ? Tous s’interrogent sur la véracité des promesses qui leur sont faites à propos des bénéfices économiques de ces constructions sur tout le département.
Mais lorsque l’on apprend, par exemple, que le centre aquatique doit être construit proche d’une station AirParif où sont régulièrement enregistrés les taux de pollution les plus élevés de France, on peut partager ces inquiétudes : qui souhaiterait profiter d’une piscine implantée là où l’air est saturé de gaz polluants causés par les nombreuses routes tout autour ? Sans parler du bruit infernal du trafic.
Et si la vie continuait après les JO ?
Mais peut-être avons-nous des raisons de nous montrer plus optimistes ? Après tout, dans sa candidature pour recevoir les JO, Paris avait promis des installations durables et peu coûteuses, ce qui lui a valu de marquer quelques bons points. Et cette promesse pourrait bien être tenue grâce à la vigilance des habitants du département dont l’inquiétude les a poussés à se mobiliser pour pointer les problèmes avant qu’il ne soit trop tard.
Et si les populations locales ne peuvent profiter des centres sportifs ou des espaces créés, il est possible que le village olympique serve un autre propos tout aussi utile en suivant le modèle de Turin. En effet, le village olympique construit en 2006 dans cette ville d’Italie accueille aujourd’hui 1000 migrants et réfugiés. Les conditions de vie y sont un peu précaires, les logements surpeuplés, mais avoir un toit sur la tête, de l’électricité et de l’eau courante est déjà une amélioration de situation pour beaucoup.
Les espaces communs du village ont également été mis à profit pour aider à rédiger un CV et trouver un emploi, d’autres pour stocker des vêtements donnés et un médecin se rend chaque semaine sur place pour des consultations. Des échoppes, restaurants et barbiers ont également ouverts dans cette zone, favorisant un retour à une vie un peu plus normale. Pourquoi ne pas envisager une seconde vie de ce genre pour notre village olympique plutôt que de l’imaginer se décrépir inutilement ?
Sur le site de M. Perrault, l’architecte ayant imaginé le village et les infrastructures pour 2024, on peut apprendre que la volonté derrière le design des bâtiments est aussi de permettre une plus grande flexibilité de transformation de ces derniers pour en faire des bureaux, des commerces ou des logements après les JO. Bien que les visuels pré-travaux soient un peu trop idylliques pour être vrais, on peut espérer que la réalité tente de s’en rapprocher même au-delà des 15 jours de Jeux Olympiques.
Mis à jour le 25 Sep, 2023
Déborah
Content Manager
Diplômée d'un Master de Communication, Médias et Industries Créatives à Sciences Po Paris, Déborah est Content Manager chez papernest. Elle s'assure que vous trouviez des informations fiables sur vos démarches au quotidien !
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Virgile Fanucci
Chef de projet
Expert en énergie, Virgile développe des stratégies SEO pour plus de 10 sites. Il dirige une équipe de six personnes et contribue à la création de contenu et à l’optimisation du linkbuilding.
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