Si vous êtes actuellement en train de lire cet article sur votre smartphone, alors vous tenez entre vos mains quelques précieux fragments issus de la croûte terrestre ! Et vous n’êtes malheureusement pas le seul : on estime que plus de trois milliards de personnes utilisent des téléphones portables, soit près de la moitié de la population mondiale, et ce chiffre s’amplifie chaque jour. Car sous son aspect inoffensif, le smartphone une véritable catastrophe environnementale : la fabrication de chaque appareil a nécessité l’extraction polluante de métaux irremplaçables tels que l’or, le cobalt ou le lithium. Et pour ne rien arranger, l’utilisateur moyen change de téléphone tous les deux ans sans se soucier de recycler l’appareil délaissé, ce qui génère des montagnes de déchets toxiques. Ce modèle n’est pas durable.

Le coût de la naissance d’un smartphone

La fabrication d’un téléphone est la phase la plus polluante de son cycle de vie : environ 80 % de l’empreinte carbone de chaque appareil sont générés au moment de sa fabrication. Ceci est dû à l’extraction, au raffinage, au transport et à l’assemblage des dizaines d’éléments chimiques qui composent cette technologie complexe : le cuivre, l’argent et l’or pour les circuits électroniques, le silicium pour le processeur, le fer pour le haut-parleur et le micro, l’aluminium et le magnésium pour le cadre et l’écran, le graphite et le lithium pour la batterie, le plomb et l’étain pour les soudures. Ce ne sont là que les éléments les plus courants, car presque tous les appareils nécessitent également l’adjonction de métaux rares. Il s’agit de substances comme le néodyme et le terbium qui sont dispersées en petites concentrations sur la planète, ce qui rend leur isolement coûteux.

Ainsi, les smartphones génèrent plus de gaz à effet de serre que tout autre appareil électronique grand public. Et l’extraction des composants est tout à fait problématique car, en plus de contaminer l’air, elle détruit les écosystèmes et rejette des sous-produits toxiques qui s’infiltrent dans le sol et dans l’eau. Il faut savoir que l’extraction de l’or pour l’industrie est l’une des principales causes de la déforestation en Amazonie. De plus, elle génère des déchets de mercure et de cyanure qui contaminent les systèmes fluviaux et l’eau potable.

Au Chili, d’énormes quantités d’eau sont évaporées pour obtenir le lithium des batteries électroniques, et ceci au détriment des agriculteurs locaux.
De l’autre côté de l’Atlantique, la République démocratique du Congo est devenue le principal producteur mondial de coltan, un minerai contenant du tantale, lequel a été commercialisé pendant des années par des groupes armés pour financer la guerre civile ! Y’aurait-il du sang sur votre smartphone ?

Compte tenu de l’extraordinaire coût social et environnemental de la fabrication de nouveaux téléphones, il serait logique de prolonger leur durée de vie le plus longtemps possible en les rendant aisément réparables. Mais ce n’est malheureusement pas dans l’air du temps et nous ne pouvons que dénoncer ces fabricants qui empêchent de réparer leurs produits, comme le fait de fixer les écrans et les batteries avec de la colle ou de ne pas utiliser de fixations universelles pour les composants internes. Les fournisseurs de services téléphoniques sont également coupables car ils encouragent leurs abonnés à changer de téléphone à chaque nouveau contrat.

Les utilisateurs critiquent bien souvent les fabricants pour « l’obsolescence programmée » de leurs produits, mais dans la plupart des cas, les téléphones sont volontairement remplacés alors même qu’ils sont encore en parfait état de marche. Le grand coupable, c’est l’effet de mode qui pousse les consommateurs à rechercher les toutes dernières technologies, même lorsque celles-ci ne leur apportent presque rien de plus que la précédente. Mais le « facteur psychologique » semble le moteur de ce comportement irrationnel.

Le coût de la vie d’un smartphone

Nous venons de voir la pollution engendrée par la fabrication de ces petits appareils, mais qu’en est-il de leur utilisation quotidienne ?

On peut s’imaginer que, une fois le smartphone entre vos mains il est devenu inoffensif, mais c’est loin d’être le cas : le fait de stocker vos données (mails, photos, vidéos) et de consulter des sites web fait fonctionner des « Data-Centers » qui, eux, sont très gourmands en énergie. Car il faut être conscient que ce fameux « Cloud » qui héberge vos données n’a de poétique que le nom et qu’il n’est en réalité qu’une énorme usine à « serveurs ». Non seulement ceux-ci nécessitent une grande consommation en électricité pour tourner en permanence, mais ils émettent de grandes quantités de chaleur, laquelle doit être chassée par un système de réfrigération à son tour très énergivore. C’est la boucle sans fin ! Pour avoir une meilleure idée du désastre généré par les data-centers, consultez cet article concernant la pollution cachée d’internet. Certains commencent à réfléchir à la possibilité de récupérer cette chaleur pour chauffer les habitations, ce qui serait une solution idéale, mais le concept est loin d’être généralisé.

Le coût de la mort d’un smartphone

Même après une vie d’utilisation fructueuse, les métaux toxiques contenus dans les téléphones continueront de contaminer l’eau et le sol s’ils finissent dans des décharges. Selon les estimations actuelles, le recyclage des appareils est inférieur à 15 % dans les pays développés. Les consommateurs ont l’habitude d’accumuler des appareils usagés dont les composants se dévaluent avec les années qu’ils passent au fond d’un tiroir. L’idéal serait de recycler les appareils obsolètes, mais les composants sont si petits et si étroitement intégrés que l’efficacité du recyclage atteint à peine 30%. Ce type de campagnes de collecte est désormais considéré comme la clé pour susciter un changement dans les habitudes des consommateurs, ce qui améliorera la gestion des déchets électroniques.

En conclusion, réfléchissez-y à deux fois avant de vous offrir le dernier smartphone à la mode afin d’épater vos amis…

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