Dernière mise à jour le 11 septembre 2025 à 09:56
Responsable Data
Michel Babany est le responsable Data chez papernest depuis 2021. Expert en énergie, il est chargé de l'analyse des données pour toutes les équipes commerciales. En parallèle, Michel écrit des articles sur le secteur de l'énergie en partageant son expertise et ses analyses sur les tendances et les enjeux du marché.
Table of Contents
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Le marché de l’énergie en Europe et en France traverse une période de profonde mutation. Après les chocs pétroliers des années 1970, l’actuelle crise énergétique, exacerbée par la reprise économique post-Covid et la guerre en Ukraine, perturbe les équilibres économiques et politiques du secteur. Le marché de l’énergie français, historiquement dominé par EDF et GDF (aujourd’hui Engie), s’est progressivement ouvert à la concurrence, offrant aux consommateurs de plus en plus d'options. En 2025, plusieurs défis se posent à la fois pour les acteurs du marché et les consommateurs, notamment les hausses de prix, la transition énergétique, et la régulation du secteur.
Le marché de l'énergie français a longtemps été caractérisé par des monopoles d'État. Créée en 1946, EDF (Électricité de France) a été chargée de la production, du transport et de la distribution de l'électricité, tandis que GDF (Gaz de France) s'occupait du gaz. Ces deux entreprises ont dominé le secteur énergétique français pendant plusieurs décennies, garantissant une gestion centralisée et cohérente des ressources énergétiques.
Les directives européennesLa nationalisation de ces entreprises faisait partie d’un processus plus large d’intégration des secteurs stratégiques à l’économie publique. L’objectif était de garantir une fourniture d’énergie stable, accessible et abordable pour tous. Ce modèle a perduré jusqu’à la fin des années 1990, période à partir de laquelle la France et l'Union Européenne ont amorcé un processus d'ouverture à la concurrence, inspiré par les directives européennes sur la libéralisation des marchés de l’énergie.En 1999, la France entame la réforme de son marché de l’énergie en ouvrant le secteur à la concurrence, d'abord pour les grandes entreprises consommateurs d'énergie (plus de 100 GWh). En 2007, l’ouverture totale à la concurrence est mise en œuvre, permettant ainsi à tous les consommateurs, particuliers et professionnels, de choisir leur fournisseur d'énergie. Cette libéralisation a permis l'émergence de nouveaux acteurs privés, tels que Ilek, Enercoop, TotalÉnergies, Eni, et Wekiwi, offrant des alternatives compétitives.
Cependant, en parallèle de cette ouverture, l'État a conservé un rôle central en régulant certains aspects du marché. Les tarifs réglementés de vente (TRV) ont ainsi continué d'exister, notamment pour l’électricité, jusqu’à aujourd’hui.Les tarifs réglementés de l’électricité ont été créés dans l’optique de protéger les consommateurs face aux fluctuations du marché de gros. Le tarif bleu d’EDF en est l'exemple pour les particuliers. Cependant, avec l’ouverture à la concurrence, les TRV ont progressivement été réduits pour les professionnels et les entreprises. Dès 2016, les entreprises disposant d’un compteur supérieur à 36 kVA ont dû migrer vers des offres de marché, une démarche qui s’est accélérée avec la fin des TRV pour les entreprises en 2020.
Les tarifs réglementés du gaz ont également été concernés par la libéralisation du marché. Leur suppression a débuté en 2019 et les derniers TRVG disparaîtront définitivement en juin 2023. Ce changement fait suite à une décision de la Commission Européenne, estimant que les TRVG constituaient une distorsion de la concurrence. Ainsi, tous les consommateurs, particuliers et entreprises, devront migrer vers des offres de marché d'ici mi-2023.
Le marché de l'énergie est composé de plusieurs acteurs clés, chacun ayant un rôle spécifique dans la production, le transport, la distribution, et la fourniture d'énergie. Voici les principaux acteurs du marché :
En plus des acteurs de la production et de la distribution, plusieurs entités régulent le marché de l'énergie pour garantir son bon fonctionnement et la protection des consommateurs. Parmi ces entités, on trouve :
Les producteurs d'énergie sont responsables de la génération de l’électricité et du gaz. En France, le secteur électrique est dominé par EDF, avec une forte proportion de l'électricité produite à partir du nucléaire (environ 67% de la production d'électricité en 2020). D’autres sources d’énergie, telles que l’énergie hydraulique, l’éolien, et le solaire, contribuent à diversifier la production. Cependant, la part de l'énergie thermique (charbon, fioul, gaz) reste non négligeable, bien qu’elle diminue progressivement.
Des entreprises comme Engie, Iberdrola, et Neoen sont également des acteurs majeurs, surtout avec l’essor des énergies renouvelables, notamment dans le solaire et l’éolien.
Les transporteurs assurent le déplacement de l’énergie produite à travers les réseaux vers les utilisateurs finaux. En France, RTE (Réseau de Transport d’Électricité) gère le transport de l’électricité sur tout le territoire, tandis que GRTgaz et Teréga s'occupent du transport de gaz naturel.
Le rôle d'Enedis et de GRDFLes distributeurs, principalement Enedis pour l’électricité et GRDF pour le gaz, gèrent les réseaux de distribution locaux. Leur rôle est essentiel pour acheminer l’énergie aux consommateurs finaux, tout en garantissant l’entretien des infrastructures.La distribution de l’énergie en France est gérée par :
Les fournisseurs sont les entreprises qui achètent l’énergie sur les marchés de gros pour la vendre aux consommateurs finaux. EDF et Engie continuent de dominer le marché, mais les fournisseurs alternatifs ont gagné du terrain, proposant une large gamme d’offres, notamment des offres vertes. Ces fournisseurs, comme Ilek ou Wekiwi, offrent des solutions compétitives, tant en termes de prix qu'en matière d’engagement écologique.
Créé en 2006, le médiateur national de l’énergie est une institution publique indépendante. Son rôle consiste à :
Pour faire une demande auprès du médiateur de l’énergie, le consommateur doit être un particulier, une micro-entreprise (moins de 10 salariés et moins de 2 millions d’euros de chiffre d'affaires) ou un non-professionnel (association, copropriété). Dans les autres cas, il faut saisir la juridiction concernée.
Le marché spot désigne les transactions d’électricité à court terme, généralement pour des livraisons immédiates ou à très court terme (24 à 48 heures). En France, le marché spot est régulé par la plateforme EPEX SPOT, qui permet aux producteurs et aux fournisseurs d’acheter et de vendre de l’électricité à des prix déterminés par la demande et l’offre sur le marché.
Le prix sur le marché spot est influencé par plusieurs facteurs, tels que la demande, les conditions météorologiques, et la disponibilité des ressources énergétiques. En cas de pic de demande, par exemple lors de vagues de froid, les centrales thermiques (principalement à gaz) sont appelées à produire, ce qui entraîne une augmentation des coûts.
Le prix de l’électricité sur le marché spot est particulièrement sensible aux prix des combustibles fossiles, notamment le gaz naturel. En période de tension géopolitique, comme lors de la guerre en Ukraine, les coûts de production augmentent, entraînant des hausses directes des prix de l’électricité. Ce phénomène se traduit par une indexation des prix de l’électricité sur ceux du gaz, qui fixent le prix marginal sur le marché de gros.
Les produits à terme incluent des contrats de vente ou d’achat d’électricité à des prix prédéfinis. Ils sont négociés par différents acteurs du marché : producteurs, fournisseurs, traders, et brokers. Les contrats à terme permettent d’anticiper les besoins en électricité pour la période à venir, tout en offrant un mécanisme de gestion des risques pour les fournisseurs et producteurs.
La crise énergétique actuelle est une conséquence directe de la guerre en Ukraine, qui a perturbé les approvisionnements en gaz naturel, une des principales sources d’énergie en Europe. Cette situation a entraîné une hausse des prix, affectant directement le prix de l’électricité, souvent indexé sur celui du gaz. Cette instabilité a également été amplifiée par les problèmes d’approvisionnement liés à la mise à l’arrêt des réacteurs nucléaires en France.
Le bouclier tarifaire, mis en place en novembre 2021, a joué un rôle crucial pour limiter les hausses de prix de l’électricité et du gaz. Bien qu’il ait permis de limiter l’impact sur les factures, cette mesure est temporaire et prendra fin en 2025. À l’expiration du bouclier tarifaire, les prix risquent de connaître de nouvelles augmentations, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur le pouvoir d'achat des consommateurs.
Le mix énergétique de la France a évolué avec les années, en mettant l’accent sur la diversification des sources d’énergie et la transition vers des énergies plus propres. En 2020, la France produisait environ 67% de son électricité à partir du nucléaire, une part qui reste importante, bien que le pays vise à réduire la part du nucléaire dans les années à venir.
Les énergies renouvelables jouent un rôle croissant dans la production d'électricité.
Selon les données du Ministère de la Transition Énergétique, le mix électrique français en 2020 se répartit entre diverses sources d'énergie, telles que :
Le mix énergétique global de la France en 2020 repose encore largement sur les énergies fossiles, représentant plus de 60% de l’approvisionnement énergétique total. Ce mix énergétique se compose des éléments suivants :
La France a pour objectif d'atteindre 40% d’électricité verte d'ici 2030. Ce passage aux énergies renouvelables est soutenu par la mise en place de subventions et de politiques publiques, telles que le Plan France Relance et la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie), qui visent à soutenir l’expansion des énergies renouvelables et à réduire la dépendance aux énergies fossiles.
Le label VertVoltDans ce contexte, le label VertVolt joue un rôle clé en garantissant la qualité des offres d’électricité verte. Ce label, lancé en 2021 par l'Ademe, distingue les fournisseurs qui produisent ou achètent exclusivement de l’électricité issue de sources renouvelables. Il permet aux consommateurs de choisir des offres véritablement vertes, soutenant ainsi la transition énergétique de manière transparente et responsable. En certifiant l'origine et la traçabilité de l'électricité verte, le label VertVoltrenforce la confiance des consommateurs dans leurs choix énergétiques durables.Le marché de l’énergie en 2025 est marqué par des défis multiples, allant de la crise énergétique à la transition vers des solutions plus durables. Les acteurs du marché doivent naviguer dans un environnement volatile, tout en répondant aux besoins d’un consommateur de plus en plus informé et soucieux de l’impact environnemental de ses choix énergétiques. L’ouverture à la concurrence, la gestion de la crise, et la transition énergétique sont les principaux leviers pour assurer une offre énergétique stable et durable dans les années à venir.