Changement d’heure en mars 2025 : pourquoi ces critiques ?

Dans la nuit du 29 au 30 mars 2025, les Français avancent leurs horloges d’une heure pour passer à l’heure d’été. Instaurée en 1976 en pleine crise énergétique pour économiser de l’énergie, cette pratique soulève aujourd’hui des doutes sur son efficacité et ses impacts sur la santé et la société. Les critiques se multiplient, et son avenir est de plus en plus incertain.
Meunier, tu dors ? Maudit changement d’heure ! Les critiques fusent de plus en plus : inefficacité énergétique, impacts sur la santé… Et si le moment était venu de remettre cette vieille habitude en question ?
De l’origine du projet aux débats actuels
Le changement d'heure a été réintroduit en France en 1976, après le choc pétrolier de 1973, dans le but avoué de réduire la consommation énergétique. L’idée était simple : profiter des longues journées d'été pour économiser sur l’éclairage public et réduire la dépendance à l’énergie fossile. Toutefois, plus de 40 ans après son instauration, les gains réalisés en termes d’économies d’énergie sont désormais jugés marginales.
Une étude menée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a mis en évidence que les économies d’énergie liées au changement d'heure sont essentiellement concentrées sur l'éclairage, mais qu'elles sont moins significatives pour d'autres secteurs comme le chauffage et la climatisation, qui représentent une part bien plus importante de la consommation domestique. En outre, les avancées technologiques, telles que l'éclairage à LED, ont largement réduit les gains escomptés sur la consommation d'électricité. En conséquence, l’argument initial du changement d’heure, à savoir la réduction de la consommation énergétique, apparaît de plus en plus obsolète.
Une pratique de plus en plus contestée
Harmonisé à l’échelle européenne depuis 1980, le changement d'heure est pourtant de plus en plus critiqué. En 2018, une consultation publique menée par la Commission européenne a révélé que 84 % des répondants souhaitaient abolir cette pratique. Malgré ce large consensus en faveur de sa suppression, la question reste toujours en suspens. Les États membres peinent à s’accorder sur la marche à suivre, une situation qui est exacerbée par des divergences politiques et économiques entre les pays. Les gouvernements ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la meilleure option : certains prônent la suppression pure et simple du changement d'heure, tandis que d'autres estiment que le maintien du système est bénéfique.
À l'international, de plus en plus de pays abandonnent cette pratique. L'Islande, le Groenland, le Brésil, l'Afrique du Sud, la Chine et l'Inde ont d’ores et déjà renoncé au changement d’heure, estimant que ses bénéfices sont faibles, voire inexistants.
Si les bénéfices énergétiques sont discutables, les impacts sur la santé semblent, eux, bien réels. En effet, plusieurs études ont révélé une hausse du risque de crise cardiaque dans la semaine suivant le passage à l'heure d’été. Une étude suédoise de 2008, publiée dans le New England Journal of Medicine, a observé une augmentation significative des infarctus après le changement d'heure. Les perturbations du sommeil, causées par le décalage horaire, ont aussi des conséquences sur l’humeur, la vigilance et la productivité des individus. Elles augmentent les risques d’accidents, notamment sur les routes, un fait largement documenté par la Sécurité routière.
Les experts soulignent également que cette rupture du rythme biologique, associée aux troubles du sommeil, peut nuire à la concentration et à l'efficacité au travail. Les données montrent par exemple qu'en novembre, mois suivant le passage à l’heure d’été, le nombre d'accidents impliquant des piétons augmente de 42 %. Ce phénomène illustre bien que les effets sur la santé, loin d’être marginaux, peuvent avoir des répercussions majeures sur la sécurité publique.
Consultation et indécision en France
En 2019, une consultation citoyenne en France a recueilli plus de 2,1 millions de réponses, et 83,71 % des participants ont exprimé leur souhait de mettre fin au changement d’heure, avec une préférence pour l’heure d’été (59,17 %). Pourtant, aucun changement n’a été adopté, révélant une division persistante au sein de l’Union européenne.
Si le changement d’heure reste ancré dans les habitudes européennes, il est de plus en plus remis en question. Entre économies d'énergie limitées, impacts sur la santé et divergences politiques, son avenir demeure flou.
Mis à jour le 4 Avr, 2025
Rédacteur expert des sujets liés à l’énergie
François Leclerc a intégré papernest, en 2022, en tant que rédacteur spécialisé dans le domaine de l’énergie. Il propose ainsi des contenus portant sur les innovations technologiques, les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Il s'attache à tenir informés les lecteurs des dernières tendances et évolutions dans le secteur énergétique.
François Leclerc a intégré papernest, en 2022, en tant que rédacteur spécialisé dans le domaine de l’énergie. Il propose ainsi des contenus portant sur les innovations technologiques, les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Il s'attache à tenir informés les lecteurs des dernières tendances et évolutions dans le secteur énergétique.
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